Terr’Azïl story n°3 : À la rencontre de l’autre

J’ai un rêve: que tous les êtres humains puissent vivre ensemble dans l’harmonie, l’amour et le respect de chacun et chacune. Et plus spécifiquement d’habiter en collectif.

Dans la théorie, tout est beau, nous communiquons avec authenticité, nous laissons les émotions nous traverser en les écoutant, même les désagréables. Nous n’avons pas d’attente envers nous même n’y envers l’autre.

Dans la pratique, nous sommes des êtres humains avec nos blessures d’ego, nos conditionnements, des schémas relationnels construits depuis des générations et maintenus par notre environnement, notre société, notre éducation. Des schémas où la compétition domine, où l’on a appris à se méfier de l’autre, à interpréter sa pensée. À faire des jeux de pouvoirs. Sartre ne disait-il pas dans son Huis Clos, « L’enfer c’est les autres » ?

Depuis 1 an, que nous co-créons ce collectif, nous expérimentons le vivre ensemble aussi. Nous aspirons à mettre en pratique tout ce que nous avons acquis « en théorie », avec des formations ou bien au travers de nos lectures ou par le biais d’autres ressources. Nos bagages de communication, d’écoute de l’autre, de soi, de responsabilité ou toute autre posture qui facilite le lien à l’autre et à soi sont bien remplis déjà.
Mais la théorie ne fait pas tout.
La théorie, je l’avais déjà appliquée dans mon petit cercle familial, ma zone de confort. Egalement, dans mes relations extérieures sur de courts moments.

Mais j’ai réalisé, d’abord avec agacement puis finalement avec satisfaction, que je devais apprendre à le faire avec ma tribu. Et quelle affaire!

Au début, c’est la découverte. Nous explorons jusqu’à l’extase de nous découvrir tous ces points communs. Quel plaisir de se retrouver sur des sujets qui font sens pour nous, d’être reliés. Nous avançons sur le même chemin avec confiance.
J’ai observé après coup, que j’avais pu être dans la séduction parfois, à ne plus écouter ce qui se passait en moi ou pour l’autre. J’ai mis sous le tapis ce qui pouvait mettre en péril cette délicate relation, toute jeune, promise à un avenir merveilleux. Comme si j’avançais sur un fil ténu avec la peur de tomber au moindre faux pas.

Et puis à force de taire ce qui pouvait me déranger, mon corps a parlé pour moi, jusqu’au moment où je ne pouvais faire rien d’autre qu’écouter son appel violent, cette tempête émotionnelle qui m’empêchait d’avancer, de faire quoi que ce soit d’autre. 

Le conflit était là, ou plus exactement la « phase conflictuelle de notre NOUS” était arrivée.
Je l’ai longtemps évitée car elle me faisait peur pour plein d’histoires qu’elle réveillait chez moi. Et surtout elle pouvait être source de conséquences dont je n’avais pas envie. Elle me faisait peur aussi car j’ai grandi avec l’idée qu’il faut éviter les conflits, et qu’il ne faut pas faire de vagues quitte à ne pas s’écouter, (non mais sérieux, la relou!!!). Et surtout, ce conflit me faisait peur parce que j’avais bien ancré en moi que c’était forcément violent et menant à la rupture d’un lien.

J’ai choisi de me laisser guider par ce qui m’anime plutôt que par mes peurs.

Et de manière un peu balbutiante, un peu violente aussi parfois, j’ai exprimé mes difficultés, ma différence d’avec l’autre.

Et en allant à la rencontre de l’autre… je suis allée à la rencontre de moi-même.

Ce conflit extérieur parlait de mon conflit intérieur. Merci pour ce miroir tendu par l’autre. 

Je me suis alors reconnectée à ma responsabilité. Je ne peux pas changer l’autre. Et un conflit peut prendre plusieurs formes, les cris et la rupture de lien n’en sont pas les seules manifestations.
Ce conflit est un rappel à s’écouter.
Quelque chose n’est pas dans la justesse, ce n’est pas une situation acceptable pour nous (parce que cela vient toucher une blessure de notre enfant intérieur ou bien nous nous sentons en déséquilibre avec nos aspirations).

Nous avons fait une médiation avec une médiatrice extérieure qui nous a permis d’aller plonger en profondeur. Puis nous avons également découvert concrètement un cercle restauratif que nous avons vécu grâce à une facilitatrice. 

Je découvre qu’un conflit accueilli permet de faire émerger de merveilleuses choses, puissantes et salvatrices.

Cela crée un espace de recherche commune de solution, d’écoute de tou·tes et surtout un espace de guérison.
Nous mettons en place plusieurs stratégies pour apprendre à nous dire nos tensions.

J’avais la théorie, j’apprends aujourd’hui la pratique. Je ferai certainement des erreurs mais j’ai acquis la confiance qu’ensemble nous apprendrons de nos erreurs. j’apprends à dire et à recevoir; à me remettre en question ou à accompagner l’autre dans sa remise en question. Et nous grandissons ensemble… naturellement. (tellement forte la nana qu’elle arrive à glisser la petite phrase qui reste dans la tête! ;))

3 réflexions au sujet de « Terr’Azïl story n°3 : À la rencontre de l’autre »

  1. Salut Jade!!

    Dis-moi ce cercle restauratif/ de lieu de communication, peut-il s’adapter pour les petits, et de quelle manière? On a une 4 1/2 qui est BEAUCOUP dans les émotions avec BEAUCOUP de demandes (voir exigences) . On nomme les émotions qui passent, mais par moment les adultes sont aussi épuisés, et nous réagissons un peu maladroitement. Donc on est ouvert à pas mal de solutions, pour la guider dans sa personnalités très volcanique mais nous devons aussi préserver notre santé mentale ^^

    Bisous à toute la famille!!

    ps: je ne sais pas si tu le savais mais bébé 3 arrive en janvier 😉 Léonie a 17 mois. C’est notre petit Bouddha qui aime explorer, observer et a une idole: sa soeur 😉

  2. Merci Jade pour ce partage enrichissant.
    J’ apprends beaucoup de vous tous et cela me remplit de joie.
    Enormes bisoux.
    Gisèle

  3. bonsoir Jade, c’est magnifiquement bien écrit , on sent bien tout le vécu qu’il y a derriere ces lignes ! et tout cela résonne bien en moi aussi ! a bientot !

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